Jusqu’au milieu des années 80 la Thaïlande intégrait ces nouveaux arrivants à ses populations locales puis, devant l’afflux de plus en plus important de réfugiés, les place dans l’un des 9 camps répartis le long de la frontière birmano-thaïlandaise. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), avec une population de près de 50 000 personnes, le camp de Mae La est le plus grand, le plus peuplé et le plus ancien de ces camps. La majorité des réfugiés qui s’y trouvent sont Karen et chrétiens.

Selon les conventions internationales, un camp de réfugiés est sensé être provisoire, toute installation en dur y est donc proscrite. Les réfugiés n’ont ni le droit de quitter le camp sans autorisation spéciale, ni officiellement le droit d’y travailler. Leur seul espoir : le “re-settlement”, obtenir un permis d’immigration pour l’un des quelques états qui les accueille au compte goutte : les Etats-Unis, le Canada, l’Australie...


Alors on attend. D’être rejoint par un membre de sa famille toujours en Birmanie. De rejoindre l’un de ses proches, femme, enfant, parent, ayant bénéficié du re-settlement. On attend la distribution quotidienne de denrées alimentaires. Ou son conjoint parti travaillé illégalement en Thaïlande, dans l’espoir qu’il ne sera pas pris par les autorités thai. Ce qui serait synonyme de retour à la case départ, en Birmanie, avec les conséquences que l’on imagine.

On attend sans quitter ce camp provisoire. Un camp provisoire qui a plus de 20 ans...


Mineros

CAMP DE MAE LA - THAILANDE 2008 : 1962. La prise de pouvoir par la junte militaire marque le début en Birmanie d’une véritable politique de répressions, politiques, ethniques, religieuses, dont souffrent principalement les minorités ethniques des zones frontalières.

L’armée, qui voit en tout habitant de ces zones périphériques un soutien potentiel aux groupes rebelles et un ennemi en puissance les harcèle selon les procédés les plus sauvages : enrôlement de force, esclavage, viols collectifs, racket, exécutions sommaires... Conséquence, plus de 800 000 personnes ont bravé les champs de mines qui bordent les frontières du pays et ont fui. Au Bangladesh, en Inde, en Malaisie, en Thaïlande.